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Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinémathèque suisse en novembre 2015

Programme

Article mis en ligne le 8 novembre 2015

par Raymond SCHOLER

En novembre, la Cinémathèque suisse vous offre de vous plonger dans une rétrospective Eric Rohmer, dans un ’Travelling’ qui propose une sélection de films de George Romero, John Badham, Ridley Scott et Ted Kotcheff, sans oublier la suite de l’une histoire permanente du cinéma.

Rétrospective Eric Rohmer
Je mets Richard Linklater avec sa trilogie Before Sunrise (1995), Before Sunset (2004) et Before Midnight (2013) nettement au-dessus des marivaudages d’Eric Rohmer, et pourtant je concède que sans les explorations intellectuelles et presque empruntées de la Carte du Tendre entreprises par ce pionnier, les longues plongées de Linklater dans la mécanique des échanges linguistiques de la séduction n’existeraient pas. Mais ne me demandez pas quel Conte moral concerne quels comédiens, quel Conte des quatre saisons contient Melvil Poupaud ou de quel proverbe il est question dans les Comédies et Proverbes, ni quels sont les titres que recouvrent ces derniers. Je vous invite d’ailleurs à lire les notules de ces films dans le bulletin de la Cinémathèque : elles affichent peu ou prou les mêmes impressions, vous laissant la liberté de les échanger les unes contre les autres, s’il vous prenait une soudaine envie de brouiller les cartes. C’est la raison pour laquelle je préfère à ceux faisant partie de séries les films singuliers de Rohmer :

Fabrice Luchini dans « Perceval le Gallois »

La Marquise d’O… (1976) d’après Heinrich von Kleist ; Perceval le Gallois (1979), d’après Chrétien de Troyes (je me réjouis de retrouver Fabrice Luchini, presque 40 ans plus tard, dans le rôle qui l’a rendu célèbre, mais je redoute Marie Rivière) ; Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle (1987), la souris des champs et la souris des villes ; L’Arbre, le Maire et la Médiathèque (1993), où Rohmer applique au politique la méthode de dissection qu’il réservait jusque là aux sentiments amoureux ; Les Rendez-vous de Paris (1995), une peinture impressionniste du Paris contemporain, filmée en 16 mm ; L’Anglaise et le Duc (2001), sur la relation entre un duc français campé par Jean-Claude Dreyfus et une lady anglaise (Lucy Russell) à Paris pendant les heures les plus terribles de la Terreur révolutionnaire, les acteurs étant filmés devant des tableaux inspirés d’aquarelles de l’époque (mon Rohmer favori, parce qu’on se sent en sursis constant avec les personnages) ; Triple Agent (2004), un film d’espionnage atypique ; et j’attends avec impatience Les Amours d’Astrée et de Céladon (2007) d’après Honoré d’Urfé, dans l’espoir que l’immersion de personnages de l’Antiquité grecque dans des châteaux de pur style Renaissance créera un choc esthétique aussi bienvenu que les chevaliers du Graal dans les décors stylisés en carton pâte de Perceval.

Frederic Van Den Driessche, Marie Rivière et Charlotte Véry (de dos) dans « Conte d’hiver »
© Les Films du Losange

Et puis je ferai un grand détour aux films où Marie Rivière a des premiers rôles ( La Femme de l’Aviateur (1981), Le Rayon Vert (1986), Conte d’hiver (1992), Conte d’Automne (1998)), tant il est vrai que Rohmer avait quelquefois de curieux critères dans le choix de ses actrices.

Travelling : de la 1ère à la Cinémathèque en passant par RTS Deux
Catherine Fattebert propose en novembre le grand aïeul des films de zombies, Night of the Living Dead (1968) de George Romero, qui reste un modèle d’efficacité et d’intelligence dans le genre de l’horreur ; Saturday Night Fever (1977) de John Badham, la grande messe du disco avec John Travolta ; Alien (1979), les débuts de Ridley The Martian Scott dans la science-fiction, toujours un de ses meilleurs films et un des plus grands films de SF ; Rambo (1982) de Ted Kotcheff, qui, nonobstant la réaction épidermique de la critique myope de l’époque, pose avec acuité le problème de la difficile réinsertion des anciens combattants à leur retour au pays.

Pavel Bosek dans « La Fête et les Invités »

Pour une histoire permanente du cinéma : 1967 (suite)
La Fête et les Invités du Tchèque Jan Nemec fut bloqué deux ans par la censure, car il s’agit d’une allégorie féroce du système alors en place, démontrant l’habileté de l’homme à se soumettre à n’importe quel système autoritaire. Rouges et Blancs du Hongrois Miklos Jancso éclaire les luttes entre les Russes blancs fidèles au Tsar et l’Armée Rouge, où le pouvoir de dominer l’autre change de camp au gré des situations.

Paul Newman dans « Hombre »

Dans Hombre de Martin Ritt, Paul Newman incarne un Blanc élevé par des Apaches, qui risque sa vie pour récupérer l’argent volé dans une diligence et destiné aux Indiens des réserves.

Raymond Scholer