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Cinémathèque suisse en novembre 2014

Intéressant programme

Article mis en ligne le 21 novembre 2014
dernière modification le 13 novembre 2014

par Raymond SCHOLER

Amos Gitai
Troisième mois de la rétrospective Gitai. Le 6 novembre, le réalisateur en personne présentera au cinéma Capitole le film qu’il a consacré à son père, Lullaby to My Father (2011). « La vie de Munio Weinraub Gitai est exemplaire de l’itinéraire, de l’engagement social et de l’implication professionnelle de toute une génération d’architectes nés en Europe Centrale (en l’occurrence : Pologne), formés au Bauhaus et qui, à la différence de leurs prestigieux maîtres exilés outre-Atlantique (Gropius, van der Rohe…), iront en Palestine mettre en pratique l’enseignement reçu.  »

Yaël Abecassis dans « Lullaby to Ma Father »

Au cours du mois, plus d’une dizaine de documentaires du cinéaste montreront la grande diversité de ses intérêts. Certains titres se confondent avec leur contenus : American Mythologies (1981), Ananas (1983), Bangkok-Bahrein/Travail à vendre (1984), Au pays des Oranges (1994). Wadi (1981), Wadi 10 ans après (1991) et Wadi Grand Canyon (2001) étudient une vallée, Wadi Rushmia, située à l’est de Haïfa et peuplée d’un mélange d’immigrants juifs et d’Arabes expulsés de chez eux, vivant en coexistence fragile : au fil des ans, de nouveaux immigrants s’installent et le contexte politico-social se détériore avec l’intrusion des promoteurs immobiliers. Give Peace a Chance (1994) tient la chronique des événements qui ont conduit à l’accord de paix Arafat-Rabin. The Arena of Murder (1996) inventorie les traces laissées par l’assassinat de Rabin.

Robin Williams
Un hommage de 13 films est consacré au comédien disparu. Dommage que le film casse-gueule et brillant qui l’a lancé, Popeye (Robert Altman, 1980), une transposition live de la célèbre bande dessinée, ne soit pas de la partie. The World according to Garp (George Roy Hill, 1982), Moscow on the Hudson (Paul Mazursky, 1984), Good Morning Vietnam (Barry Levinson, 1987), Dead Poets Society (Peter Weir, 1989) sont essentiels, mais The Fisher King (Terry Gilliam, 1991), souffrant du péché mignon de tous les scénarios de Richard LaGravenese, l’accumulation d’éléments fantastico-poétiques qui finissent par compter pour du beurre, ne l’est pas. On pourra aussi vérifier le statut de Hook (1991), compté parmi les films les plus faibles de Steven Spielberg. Mrs. Doubtfire (Chris Columbus, 1996), The Birdcage (Mike Nichols, 1996, d’après le très franchouillard La Cage aux Folles), Deconstructing Harry (Woody Allen, 1997), Good Will Hunting (Gus Van Sant, 1997), One Hour Photo (Mark Romanek, 2002), Insomnia (Christopher Nolan, 2002) et Night at the Museum (Shawn Levy, 2006) complètent l’éventail vertigineux de l’acteur, dont une dizaine de titres depuis 2004 n’ont plus trouvé de distributeur chez nous : était-il trop catalogué comme gentil et lacrymal ?

Al Pacino et Robin Williams dans « Insomnia »

Commémoration de la Grande Guerre
A l’occasion du cours de François Albera sur « la Première Guerre mondiale vue par le cinéma soviétique », on peut (et on doit) découvrir Un Débris de l’Empire (1929) de Fridrikh Ermler (sur un soldat qui a perdu la mémoire au front, ne la retrouve que dix ans plus tard et a de la peine à s’orienter dans ce nouveau monde soviétique) et Marchands de Gloire (1929) de Léonide Obolenski (d’après une pièce de Marcel Pagnol et Paul Nivoix) qui instrumentalise également la perte de mémoire et la fracture de l’identité dans une vigoureuse charge antimilitariste.

Denis Côté
Le Québécois Denis Côté est dans certains milieux très bien coté. A côté de lui, ses compatriotes Denis Villeneuve et Kim Nguyen, pour ne pas parler de Daniel Grou (alias PodZ) ou d’Eric Tessier, sont considérés comme des tâcherons. Parce qu’ils font du cinéma construit, structuré, et conçoivent le récit comme un outil à distiller la tension, ils sont méprisés par les thuriféraires de la modernité. Ceux-ci truffent leurs appréciations d’expressions comme « confronter le spectateur à un récit qui n’en est pas un », « déambuler dans le réel d’un pas somnambulique », « la dimension dramatique reste cachée, latente, comme la bête qui se cache en chaque individu ». Ce qui n’est pas pour inspirer confiance a priori. Selon les propres termes de l’auteur, le cinéma de Côté invite, alors que le cinéma standard impose. À l’évidence, l’œuvre de Denis Côté est une affaire de goût acquis.

« Vic + Flo ont vu un ours »

Après avoir vu Elle veut le Chaos (2008) et Curling (2010), je ne l’ai pas encore. Mais je veux bien lui donner une chance supplémentaire avec les documentaires Bestiaire (2012, le regard des bêtes) et Que ta Joie demeure (2014, sur le monde du travail en usine). Et avec sa dernière fiction, Vic + Flo ont vu un ours (2013), parce que le titre est marrant.

Raymond Scholer