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Cinémathèque suisse en décembre 2015

Programme

Article mis en ligne le 2 décembre 2015
dernière modification le 25 novembre 2015

par Raymond SCHOLER

En décembre, focus sur le cinéaste Robert Altman, avec une sélection de ses films pour vous remettre son talent en mémoire. Et, toujours, l’Histoire permanente du cinéma.

Robert Altman
Altman est un des plus grands cinéastes américains de la seconde moitié du 20e siècle. Il ne s’embarrassait pas de tourner autour du pot, et lançait périodiquement un pavé dans la mare du conformisme hollywoodien. Survoler son œuvre exige de se lever tôt, car il a contribué à une trentaine de séries TV, réalisé des courts métrages, monté un beau documentaire sur James Dean ( The James Dean Story , 1957) peu après la mort de celui-ci, et signé 35 longs métrages de cinéma et 5 de télévision. À la Cinémathèque, vous ne verrez rien de l’œuvre télévisuelle, ni films ni séries. Et 6 longs métrages pour salles obscures, parmi lesquels il convient de citer les excellents Images (1972) et Brewster McCloud (1970), manquent à l’appel. Doit-on mettre cette absence sur le compte de l’irréparable outrage du temps ?

Lindsay Lohan et Meryl Streep dans « A Prairie Home Companion »

19 des films ne passent qu’une seule fois : consultez donc le programme soigneusement. Voici ceux que vous ne devez manquer sous aucun prétexte : A Prairie Home Companion (affublé du titre français de The Last Show (sic)) : le dernier film (2006) d’Altman est peut-être le plus touchant chant de cygne que je connaisse au cinéma, même s’il se déroule dans les coulisses d’une émission radio qui vit ses derniers jours ; Gosford Park (2001), la matrice dont est issu Downton Abbey (dès 2010), est un délicieux jeu de massacre entre les couches sociales (hôtes et serviteurs) dans un manoir de campagne anglais des années 30 avec un meurtre en prime ; Cookie’s Fortune (1999) se déroule dans un bled en principe sans histoires du Mississippi, où une vieille dame se suicide un beau jour, ce qui est le summum de la honte pour ses deux nièces. Elles font croire à la police qu’il s’agit d’un meurtre, ce qui ouvre une boîte de Pandore insoupçonnée ; Prêt-à-Porter (1994), où le monde de la mode se révèle nid de vipères plein de tromperies, de trahisons, de faux-semblants et d’hypocrisie, dont le défilé à poil est la cruelle métaphore ; Short Cuts (1993), ou quelques jours dans la vie d’une bonne vingtaine d’habitants de Los Angeles entre lesquels se tissent ou se défont des liens dans une chorégraphie filmique magistrale ; Vincent & Theo (1990) sur les frères Van Gogh, où Tim Roth est quand même plus convaincant que Jacques Dutronc chez Maurice Pialat ;

Philip Baker Hall dans « Secret Honor »

Secret Honor (1984), où Richard Nixon, sous les traits de Philip Baker Hall, confie à un magnétoscope les « vraies » raisons du Watergate et de sa démission ; Popeye (1980), où Robin Williams incarne le marin grincheux aux biceps gonflés dans un Sweethaven de rêve construit en dur à Malte, probablement le film le plus gonflé de son auteur ; A Wedding (1978) fait penser à une version transatlantique de Gosford Park : deux mondes s’y confrontent à l’occasion du mariage de leurs rejetons, celui des nouveaux riches et celui de l’aristocratie terrienne bien établie. Altman y multiplie les personnages, une petite cinquantaine, et fait même jouer le grand John Cromwell dans le rôle d’un évêque ; Nashville (1975), où Altman célèbre à sa manière le bicentenaire des États-Unis, est la fresque qui a en quelque sorte défini le genre du récit choral : le show-business, qu’il soit politique ou artistique, y est le prétexte pour éclairer l’Amérique et ses mythologies.

Histoire permanente du cinéma : 1967
The Dirty Dozen de Robert Aldrich raconte la préparation et l’exécution d’une opération-suicide effectuée derrière les lignes allemandes par 12 repris de justice sous le commandement de Lee Marvin. Les tronches choisies sont admirables d’authenticité.

Robert Blake (2e depuis la gauche) dans « In Cold Blood »
Photo : Images/REX Shutterstock

In Cold Blood de Richard Brooks est l’adaptation du livre de Truman Capote sur un crime crapuleux perpétré par deux paumés dans une ferme du Kansas en 1959. L’un des acteurs qui jouent les meurtriers, Robert Blake, a eu par la suite une longue histoire judiciaire pour meurtre de son épouse. Dans Komissar d’Alexandre Askoldov, une commissaire du peuple de l’Armée rouge loge chez des artisans juifs dans une petite ville d’Ukraine en 1922, le temps d’accoucher. Face à la contre-offensive des blancs, elle abandonne son enfant chez ces gens avec lesquels elle s’est liée d’amitié. Le film fut qualifié de pro sioniste et interdit sur-le-champ. Quant à Trans-Europ-Express , il s’agit d’une de ces célèbres mises en abyme dont Robbe-Grillet a le secret.

Raymond Scholer