Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinémathèque suisse - décembre 2014

Programme

Article mis en ligne le 7 décembre 2014
dernière modification le 25 novembre 2014

par Raymond SCHOLER

Charlie Chaplin partage l’affiche avec Lauren Bacall, affiche complétée avec les films de l’année 1965 de l’Histoire permanente du cinéma.

Chaplin
À l’occasion du centenaire de la création du personnage de Charlot et en marge de l’exposition au Musée de l’Elysée consacrée à Charles Chaplin, la Cinémathèque suisse propose une rétrospective de ses films les plus illustres, dans une version numérique restaurée. Les seuls longs métrages qui manquent à l’appel sont The Countess from Hongkong (1967, où une Sophia Loren effarouchée, mais sexy en diable, envahit la sphère privée d’un Marlon Brando légèrement dépassé par les événements), comédie que des esprits chagrins persistent à trouver indigne du maître (alors qu’à l’âge de 78 ans, Chaplin fait preuve d’une verdeur réjouissante), et A Woman of Paris (1923), seul véritable (mélo)drame de l’auteur (autour de l’amour absolu - et contrarié par leurs parents - que se vouent deux ados). Trois courts métrages réalisés sous l’égide de la First National - A Dog’s Life (1918), Shoulder Arms (1918) et The Pilgrim (1923) - sont réunis sous le titre The Chaplin Revue . Le biopic Chaplin (1992) de Richard Attenborough, porté par l’interprétation époustouflante de Robert Downey Jr , complète l’hommage à ce titan du 7e Art qui avait choisi les bords du Léman comme ultime résidence.

Henry Daniell, C. Chaplin, Jack Oakie et Carter DeHaven dans « The Great Dictator »

Osons espérer que la Cinémathèque montrera une fois les quelque 70 courts métrages de Chaplin par ordre chronologique pour que les cinéphiles puissent se rendre compte de son extraordinaire progression dans l’art du gag pendant les neuf ans précédant The Kid (1921). Peut-être que l’ouverture du musée Chaplin à Corsier-sur-Vevey en fournira l’occasion. En attendant, allez revoir The Kid (1921), The Gold Rush ( 1925), The Circus (1928), City Lights (1931), Modern Times (1936), The Great Dictator (1940), Monsieur Verdoux (1947), Limelight (1952) et A King in New York (1957). Aucune œuvre de cinéaste n’a probablement atteint un tel pourcentage de chefs-d’œuvre.

Bacall
On ne peut que souscrire au beau texte par lequel Chicca Bergonzi exprime, dans le bulletin de la Cinémathèque, son admiration pour Lauren Bacall, disparue au mois d’août, icône hollywoodienne, femme de tête farouchement indépendante.

Lauren Bacall et Humphrey Bogart dans « The Big Sleep »

Outre les quatre films ( To have and have not (Howard Hawks, 1944), The Big Sleep (Howard Hawks, 1946), Dark Passage (Delmer Daves, 1947) et Key Largo (John Huston, 1948)) qu’elle tourna avec l’amour de sa vie, Humphrey Bogart, l’hommage (trop succinct) qui lui est consacré revient sur l’archiconnu How to Marry a Millionaire (Jean Negulesco, 1953), le délectable Harper (Jack Smight, 1966) - où Paul Newman, engagé pour enquêter sur la disparition du mari de Bacall, qui lui demande : « What kind of detective are you ? », rétorque : « New type !  » - et le rare The Fan (Edward Bianchi, 1981). Dans ce dernier film, un fan d’une actrice de Broadway, se sentant ignoré par son idole, à laquelle il n’arrête pas d’adresser des missives enflammées, décide d’éliminer tous les obstacles qui se dressent entre lui et la belle. Ironie conjoncturelle : quelques mois avant la sortie du film, John Lennon avait été assassiné par un fan obsessionnel devant un immeuble dans lequel Lauren Bacall avait longtemps résidé. The Shootist (Don Siegel, 1976), où John Wayne joue un gunman de l’Ouest atteint du cancer (maladie qui devait emporter l’acteur peu de temps après), et Dogville de Lars von Trier complètent la sélection.

Histoire permanente du cinéma : 1965
Darling de John Schlesinger m’avait troublé à l’époque : on y voyait pour la première fois un couple nu faire l’amour devant des spectateurs blasés, à l’occasion d’une réception privée dans la « jet set » londonienne. Trois ans plus tard, les interdits étaient pulvérisés par les lancers de pavés parisiens. L’auteur de Billy Liar (1963) allait devenir un de mes cinéastes favoris : Far from the Madding Crowd (1967), The Day of the Locust (1974), Yanks (1979) et Honky Tonk Freeway (1981) sont d’authentiques chefs-d’œuvre.

« Les Chevaux de feu »

Les Chevaux de feu de Serguei Paradjanov, une très colorée et baroque version transylvanienne de Roméo et Juliette, devait valoir à son auteur bien des ennuis, car il se situait à des années lumière des habitudes stylistiques du cinéma soviétique officiel. Jean-Loup Passek décrit le film comme « un sabbat de formes et de couleurs où la caméra exécute une sarabande insensée de travellings et de contre-plongées ». Mickey One d’Arthur Penn, un autre grand oublié, est en revanche un paradigme de sobriété austère. Les romantiques préféreront, à la fin du mois, revoir Doctor Zhivago de David Lean.

Raymond Scholer