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Cinémathèque suisse, Lausanne
Cinématèque suisse - octobre 2017

Programme

Article mis en ligne le 2 octobre 2017
dernière modification le 1er octobre 2017

par Raymond SCHOLER

Jonathan Demme
Disparu en avril à l’âge de 73 ans, Jonathan Demme avait débuté dans l’écurie du (toujours vert et indestructible) producteur Roger Corman sur Angels Hard as they Come (Joe Viola, 1971) comme co-scénariste et producteur. Trois ans plus tard, il passa à la réalisation avec Caged Heat , un maillon du genre polisson « Women behind Bars », revendiquant en l’occurrence un féminisme de bon aloi, mâtiné de critique sociale. L’année suivante, il persiste dans la peinture de femmes de caractère avec Crazy Mama (1975), une sorte de Bonnie and Clyde sous oestrogène. Last Embrace (1979), thriller débridé d’un romantisme échevelé autant qu’hommage déclaré au cinéma d’Alfred Hitchcock, était un chant d’amour à l’actrice Janet Margolin, dont la beauté et la fragilité marquaient l’écran du sceau d’une indicible douleur.

Jason Robards Jr dans « Melvin and Howard »

Dans Melvin and Howard (1980), Jason Robards campe un Howard Hughes d’une humanité renversante, à mille lieues du portrait convenu du misanthrope ermite. Et puis ce fut le choc de Something Wild (1986), où le yuppie Jeff Daniels put entrevoir une existence semée de dangers et de trangressions, hors des sentiers tracés par la civilisation des convenances, grâce à l’apport de folie d’une Melanie Griffith en roue libre. En 1991, The Silence of the Lambs posa de nouveaux standards pour le film policier et, ce faisant, constitua l’apogée de l’œuvre demmienne. Philadelphia (1993), où Tom Hanks incarnait avec conviction un homosexuel victime du sida, était plus un film nécessaire et courageux qu’un film novateur. Beloved (1998), l’adaptation du roman anti-esclavagiste qui a valu le Prix Nobel en 1993 à Toni Morrison, est passé sur nos écrans à la sauvette, ce qui constitue une raison impérieuse de rattraper ce film poignant maintenant. En revanche, on peut se passer de The Truth about Charlie (2002), remake de Charade (Stanley Donen, 1963), aussi insipide que l’original.

Tom Hanks et Denzel Washington dans « Philadelphia »

The Manchurian Candidate (2004), remake du film homonyme de John Frankenheimer (1962), modernise avec habileté les tenants et aboutissants du thriller de Richard Condon. Demme livra son chant de cygne en 2015 avec un film musical jouissif, Ricki and the Flash , où Meryl Streep en rockeuse sur le retour trouve sa rédemption pour les erreurs passées en s’occupant de sa fille qui traverse un divorce difficile. La description de l’univers rock est d’autant plus réussie que Demme s’était plusieurs fois investi dans des documentaires sur les musiciens : Neil Young : Heart of Gold (2006) ou Stop making Sense (1984, avec les Talking Heads). Autre documentaire : The Agronomist (2003), qui est le fruit d’une longue amitié entre Demme et Jean Dominique (qu’il interviewa pour la première fois en 1986), journaliste haïtien et farouche défenseur des droits de l’homme, assassiné en avril 2000, à la veille des élections législatives de son pays. Le film montre que l’histoire de Haïti est inexorablement liée à celle des États-Unis.

Rick Springfield et Meryl Streep dans « Ricki and the Flash »

Kozintsev/Trauberg et Kaneto Shindo
Le 11 octobre, à l’occasion de ses 75 ans, l’Orchestre de Chambre de Lausanne accompagne sur la scène du Capitole La Nouvelle Babylone (1929) de Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg, en y interprétant la partition originale de Chostakovitch. L’action se déroule à Paris en 1871 lors de l’insurrection de la Commune contre le Second Empire. « Des images à la Honoré Daumier et un souffle héroïque à la Victor Hugo en font l’un des chefs-d’œuvre du cinéma muet russe. » (Bulletin de la Cinémathèque)
Vivre aujourd’hui, mourir demain (1970) de Kaneto Shindo évoque l’histoire véritable d’un tueur en série japonais qui échappa à la peine de mort et devint romancier en prison.

LUFF : Lausanne Underground Film & Music Festival
Pour sa seizième édition, le LUFF, toujours sous la direction artistique éclectique de Julien Bodivit, propose des œuvres de cinéastes que vous ne connaissez guère, mais qui risquent de piquer vos yeux et vos oreilles et taquiner, si cela se trouve, d’autres organes de votre anatomie (site : luff.ch). À signaler la présence de l’infatigable défricheur Christophe Bier qui présentera certainement des œuvres pas piquées des hannetons.

Raymond Scholer